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Invitation à réfléchir

sur les thèmes débattus dans les ateliers

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L’homme a-t-il vraiment besoin de spiritualité ?

 

 

La spiritualité est-elle un supplément d’âme que s’accorde l’individu contemporain prisonnier de sa propre transparence ? Ou bien est-elle une voie de conversion pour que l’homme donne un peu de substance à son intériorité ?

 

Chacun de nous ressent, à un moment ou à un autre, le besoin de se connecter à quelque chose de plus grand, d'explorer la profondeur de son être. La spiritualité, ce n'est pas seulement les grandes méditations et les anciennes traditions, pythagorisme, taoïsme, chamanisme, c'est aussi un rire partagé, une promenade dans la nature, un moment de réflexion paisible.

 

Si aujourd’hui les dieux s’en sont allés sous d’autres cieux, si l’âge des poètes est en voie d’extinction, si le spiritisme ne fait plus tourner les tables, alors que nous reste-t-il pour assouvir notre besoin de sens et de sacré, pour étancher notre soif d’absolu en ces temps matérialistes où « le désert croît » ?

 

Avec ce cri prémonitoire de Nietzsche associé à l’énergie spirituelle d’un Bergson, voilà posé le sens de notre débat : il n’est jamais trop tard pour s’occuper de son âme.

 

Raphaël Serrail

Une communauté de destin oubliée

 

 

 

Après cette crise sanitaire, certains prédisent que « tout va changer » et d’autres « tout recommencera comme avant ». D’un côté l’espoir, de l’autre la fatalité économique du capitalisme. Avec la mondialisation, celui-ci se développe de façon aveugle ; or le virus pourrait peut-être lui avoir ouvert les yeux. On peut tout du moins l’espérer.

 

Pour tenter d’éclairer ce que cette crise enfantera après le confinement, nous utiliserons un concept problématisé par Hegel :  la lutte pour la reconnaissance. Etre reconnu par les autres, ses proches ou au travail est un principe vital. Et être déconsidéré, voire méprisé s’avère mortifère.  Or le libéralisme engendre un mépris social que cette pandémie fait apparaitre dans toute sa cruauté. Comme il existe un sérum de vérité, on pourrait parler, avec le Covid-19, d’un « virus de vérité » révélateur social, économique et politique.

 

Prenons un exemple. Pourquoi, aujourd’hui, applaudit-on les soignants dans un élan de reconnaissance ou bien remercie-t-on les éboueurs, les caissières comme jamais on ne la fait par le passé ?  Qu’est-ce qui nous motive sinon notre peur de mourir. Même s’il est estimable d’applaudir à 20H, cette reconnaissance de circonstance restera probablement passagère. Et donc l’enjeu du monde de demain sera de pérenniser une reconnaissance effective des métiers jugés jusque-là inessentiels par les élites.

 

Allons plus loin : que se passe-t-il dans les hôpitaux des pays développés ? Les équipes surmontent cette crise sanitaire grâce à l’apport des soignants étrangers issus des minorités : arabes, palestiniens dans les hôpitaux israéliens ; médecins d’origine maghrébine ou africaine dans les AP-HP français. Par conséquent, un premier principe de reconnaissance serait de leur accorder les mêmes droits, comme de reconnaître une équivalence des diplômes. Autrement dit, le vrai changement se mesurera au degré de reconnaissance du système libéral envers ceux qui ont pris de grands risques pour sauver ou protéger nos vies. Et sous peine d’indécence, cette reconnaissance ne peut pas être éphémère.

 

Ainsi se dessine l’enjeu des prochaines luttes : promouvoir une égalité, voire une équité, de droits et de salaires pour les classes sociales dites défavorisées dont les acteurs (trices) de la santé ont fait tenir la société civile par leur courage. Mais ne rêvons pas trop. Les intérêts des puissants risquent de justifier encore longtemps ce monde inégalitaire, d’exclusion et de ségrégation.

 

Et c’est pour toutes ces raisons que la lutte pour la reconnaissance nous semble un processus essentiel autant collectif qu’individuel et subjectif. Si nous voulons être reconnu, il est de notre devoir d’instituer un droit à la reconnaissance pour tous. C’est un principe vital d’existence de notre identité propre, mais aussi des sociétés ouvertes et multiculturelles. Si un monde nouveau devrait naître de cette catastrophe ; il devra passer par cette lutte de chacun pour une reconnaissance réciproque au sein des processus intersubjectifs.

 

Telles sont quelques-unes des questions que nous nous posons à propos de cette pandémie, laquelle révèle une évidence qui nous servira de conclusion : dans le monde réel, sur notre planète, il se noue des interdépendances physiques reliant la santé des humains dans une même communauté de destin.

 

Raphaël Serrail

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